Dans une époque où on s’interroge si les jeunes ne font pas trop d’études, le parcours de Valérie Patanè interroge. En effet, cette enseignante suisse d’origine italienne, a obtenu cinq licences, un master 1 (Bac +4), et un doctorat. «J’ai obtenu un bac +27 !», nous écrit-elle. Mais le plus surprenant dans son histoire, c’est que Valérie a mis «seulement 14 ans» à accumuler ses diplômes.
Le long chemin de Valérie dans l’enseignement supérieur français débute en France en 2003 par deux années de classes préparatoires intégrée à l’Isit, la grande école des carrières internationales de l’Université Paris Panthéon-Assas. Mais la jeune femme se sent un peu «frustrée intellectuellement» et ressent «le besoin de creuser». C’est à ce moment que démarre sa chasse obsessionnelle à la connaissance. De 2005 à 2007 elle est scolarisée à l’ICP (Institut catholique de Paris) où elle obtient un Deug (bac +2) d’anglais économique. Elle poursuit ce cursus à l’Université Paris-Sorbonne, pendant un an, pour décrocher le grade de licence. Les deux années suivantes, elle migre à Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour y faire des études de droit.
Elle a enseigné en prison
Valérie a toujours cumulé ses études avec l’enseignement. «L’erreur que beaucoup de jeunes font est de s’enfermer dans les études et de ne pas travailler. Il faut aller en entreprise, c’est essentiel pour réussir», conseille la docteure. Car tout en étudiant, Valérie gagnait sa vie en donnant des cours de français à des jeunes enfants allemands. «J’ai aussi donné des cours de français en prison, car certains prisonniers voulaient reprendre les études. Une expérience comme celle-là, alors que j’étais étudiante, m’a fait comprendre l’importance du savoir et de la connaissance», raconte Valérie. La jeune femme a aussi enseigné le français à l’université de Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne pendant de longues années.
Je n’ai jamais travaillé le dimanche
Durant ces années, Valérie avait un rythme de travail dément. «Du lundi au samedi j’étudiais à la bibliothèque universitaire de 8 heures à 18 heures, et de 18 heures à 22 heures j’enseignais, sauf le samedi. J’ai suivi ce rythme pendant trois ans», raconte aujourd’hui la quadragénaire. À côté de cela, le week-end, Valérie arrivait à s’octroyer une sortie sportive avec de la randonnée ou de la natation. «Je n’ai jamais travaillé le dimanche c’était mon jour de repos de la semaine et je n’y ai jamais dérogé. C’est important d’avoir un jour où on ne travaille pas, explique-t-elle avant d’ajouter, si c’était à refaire je referais exactement la même chose, je ne regrette rien», conclut Valérie Patanè.
En tout, elle a fréquenté sept universités
Il faut le dire, Valérie avait une recette miracle qu’elle a plaisir à nous révéler : les études par correspondance. Elle ne mettait pas les pieds en cours. «L’université m’envoyait tous les cours du semestre, soit en PDF soit par courrier, et après c’était à moi de m’organiser et de passer les partiels en même temps que les autres», explique-t-elle. De 2008 à 2014 elle obtient sans quitter sa chambre une licence bi-disciplinaire en sociologie et en économie à l’université Toulouse 2 en trois ans. Toujours sur cette période, à Paris 10 Nanterre elle décroche des licences d’histoire, de lettres modernes en seulement deux ans grâce à la validation des acquis dans l’enseignement supérieur. «Je devais prouver que j’avais les connaissances suffisantes pour intégrer le cursus en troisième année. Au vu de mon passé scolaire, les universités n’étaient pas réticentes» , avoue celle qui enseigne désormais le droit et la sociologie à l’IEC de Pau, une école de commerce. Elle a aussi décroché durant ces six ans, un master 1 de philosophie à Paris 10 et une licence de sciences de l’éducation à Paris 8.
«À Toulouse 2, je n’y suis jamais allée à part pour les rattrapages, car je ne pouvais pas m’y rendre deux fois par an pour les partiels de fin de semestre», détaille Valérie Patanè. Pendant qu’elle prépare ses licences de lettres modernes et de sciences de l’éducation, Valérie se lance en 2013 dans un doctorat bi disciplinaire en cotutelle entre les universités de Fribourg et Strasbourg. En France, elle travaille sur les écritures germaniques et en Allemagne sur la sociologie. Elle soutient sa thèse en 2019 et obtient son doctorat, ce qui signe, pour le moment, la fin de quatorze années d’études à 33 ans révolus. «Peut-être que je reprendrais mes études pour étudier le marketing, mais ce n’est pas pour tout de suite», assure-t-elle. Valérie conclut avec un conseil pour les jeunes : «L’interdisciplinarité est le cœur de la pensée intellectuelle, et j’encourage les jeunes à faire des études dans des domaines différents». Peut-être de quoi en inspirer certains...